Faire votre forêt comestible

Fleuron

les savoirs oubliés du XIXe siècle

Fleuron

Avant propos

Si l’expression « forêt comestible » est une invention moderne, le concept qui se trouve derrière est, en revanche, le fruit d’une longue tradition. Depuis des millénaires, les humains ont planté des végétaux pour produire leur nourriture et l’idée d’intégrer les arbres fruitiers à des ensembles organisés pour optimiser la production de la nourriture est une idée vieille comme la civilisation. . .

Ce sont des savoirs que nos ancêtres maîtrisaient. On a tendance à l’oublier, mais ils étaient capables de survivre sans avoir besoin d’acheter la totalité de leur nourriture dans un magasin. Cela implique quelque chose de très simple : ils maîtrisaient des techniques de production de la nourriture qui n’étaient, certes, pas parfaites (et elles se sont améliorées de génération en génération) mais dont il faudrait faire preuve d’une extraordinaire mauvaise fois pour dire qu’elles ne marchaient pas.

Les chercheurs, les forestiers, les agronomes et les botanistes du XIXe siècle ont produit une littérature extrêmement abondante détaillant les moyens de faire pousser des arbres pour produire de la nourriture. L’industrialisation de l’agriculture à partir de la seconde moitié du siècle dernier a relégué ces savoirs au second plan et, peu à peu, on a fini par les oublier.

Qui se souvient aujourd’hui que le meilleur moyen de lutter contre les insectes nuisibles aux arbres était, pour les auteurs du XIXe siècle, non pas de répandre des pesticides, mais juste de laisser cohabiter les oiseaux avec les arbres de nos vergers afin qu’ils fassent la chasse aux dits insectes ? Et ça marchait.

Qui se souvient que, lorsque l’on disait aux cultivateurs d’utiliser de « l’engrais liquide », ce à quoi on faisait référence ce n’est pas à un produit synthétique dans une bouteille en plastique mais juste à. . . de l’urine ? Et ça marchait aussi. 70 ans après l’industrialisation de l’agriculture, en réaction à cette modernisation des techniques de production, un nombre croissant de gens se tournent vers d’autres techniques de production alimentaire qui leur sont présentées comme révolutionnaires. Et en un sens c’est vrai, il y a bien des idées révolutionnaires dans les ouvrages de Bill Mollisson ou Martin Crawford. Mais la substantifique moelle de ces idées, elle, n’a absolument rien de révolutionnaire.

On entend, à nouveau, que le meilleur moyen de lutter contre les insectes nuisibles aux arbres est, non pas de répandre des pesticides, mais juste de laisser cohabiter les oiseaux avec les arbres de nos vergers afin qu’ils fassent la chasse aux dits insectes nuisibles.

On entend, à nouveau, que le meilleur engrais liquide pour un arbre c’est d’uriner sur son tronc.

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